Semaine 27: Les Tombereaux: Du bois et de la glaise

les tombereaux

Les Tombereaux ©Raphaël Charuel

-À une voix près, les réseaux sociaux ont désigné cette nouvelle photo minière de Raphaël pour le 27e cadeau du Vendredi.

Après plusieurs heures de progression difficile, nous y sommes enfin. Particulièrement reculée et isolée, cette ancienne carrière de calcaires oxfordiens ou berriasiens, pierres nécessaires à la fabrication du ciment, fut arrêtée dans les années 1950. Depuis, tous les accès directs se sont effondrés, laissant comme seul passage possible un parcours semé d’embuches à travers un dédale de plans inclinés. Ces gros wagons en bois appelés tombereaux permettaient de transporter la pierre sous forme de gravats jusqu’aux fours attenants à l’entrée de l’exploitation. Ils évoluaient sur une voie de 80cm d’écartement. D’une technologie datant de la fin du XIXe siècle, leur particularité est l’articulation entre le châssis et le tombereau, permettant à ce dernier de basculer et ainsi déverser rapidement son contenu à la sortie. La présence de ce système induisant une surélévation de la benne leur doit aussi le surnom de “wagonnet girafe”. Ces véhicules étant construits en bois, il est en conséquence très rare d’en trouver en l’état dans ce genre de milieu instable et humide. Le premier, fossilisé, attend patiemment sous une trémie, un dispositif qui permettait un chargement rapide. En effet, les carrières suivent la couche de roche exploitable sous la montagne et sont donc pour la plupart inclinées, avec des pendages plus ou moins fort oscillant entre 25 et 90 degrés. Il devient alors aisé de faire descendre par gravité les gravats provenant des galeries supérieures dans ces trémies, qui une fois ouvertes par un ouvrier transfèrent ces gravats dans les tombereaux.

Depuis lors, le temps a fait son oeuvre. Par l’infiltration des eaux, les plans inclinés se transforment en véritables torrents, et l’eau vient progressivement rouiller le métal et pourrir le bois. Parfois chargée de glaise, celle-ci se dépose sur les wagons, permettant alors leur relative préservation… Tant qu’une dalle ne se décroche pas du plafond!

À peine la photo prise, il est déjà temps de parcourir le même chemin en sens inverse. Le voyage dans le temps fut bref, mais riche en émotions.