© Claire-Agnès Villeneuve – Les Écrits

– Il semblerait que les réseaux sociaux soient friands de lieux abandonnés car pour la troisième semaine consécutive la Boîte A2 vous propose une photo sur ce thème avec l’image de Claire-Agnès Villeneuve : Les Écrits.

“Les paroles s’envolent, les écrits restent” dit l’expression. Pourtant la première chose qui souffre dans les friches sont les écrits. Il ne m’est jamais arrivé de trouver une bibliothèque intacte : étagères pillées, livres jetés au sol, pages piétinées… tel est le sort réservé à ces objets de savoir et de transmission.

La construction photographique de Claire-Agnès souligne admirablement cette fatalité. Si l’utilisation du grand angle permet la déformation des perspectives et “étire” ainsi l’armoire, la rendant plus imposante dans la composition ; c’est surtout le travail de lumière qui donne de l’intérêt à cette photographie. En effet la lumière du jour passant au travers d’une fenêtre teintée n’éclaire que l’armoire, laissant le reste de la pièce dans la pénombre. De ce fait la lecture de l’image est immédiate et percutante. Outre clarifier l’image, le lumière apporte une certaine douceur, voire une certaine mélancolie : on a l’impression de pénétrer dans un lieu mystérieux, rempli de souvenirs, quelque peu coupé du monde. La lumière chaude (judicieusement contrebalancée par deux points de lumière bleue, symbolisant le monde extérieur) nous donne l’impression d’un soleil couchant. On pourrait y lire une métaphore : l’Homme, détruisant les livres – son savoir – se condamne à la bêtise et donc à vivre dans les ténèbres. Cette métaphore est renforcée par le sens de l’armoire, tournée vers la droite, symboliquement l’avenir.

Mais si Claire-Agnès lit dans cette photographie une ironique vision de la société, on n’est pas obligé d’être aussi négatif : cette image représente peut-être tout simplement l’état de votre bureau le vendredi soir après une semaine éprouvante, quelques minutes avant de partir en week-end !

Bon week-end à tous et à la semaine prochaine !