Semaine 24 – La Rose puante

Photo : Claire-Agnès Villeneuve – La Rose puante

 

Cette semaine c’est au tour de Claire-Agnès Villeneuve de remporter les suffrages avec une photo tirée de sa série en cours “L’Amour avec un grand U” 

L’ail, que l’on nomme aussi la rose puante est un des plus anciens condiments utilisés et serait originaire de la mer Caspienne puis disséminé par les nomades. De tout temps, l’ail se vit attribué de nombreuses vertus protectrices que ce soit dans le domaine de la médecine ou dans le champ des superstitions. Par exemple, dans l’Égypte ancienne, on faisait porter une gousse d’ail en collier aux enfants pour les protéger des vers et l’on connaissait déjà ses propriétés contre l’hypertension et comme anti-parasite. À Rome, l’ail entrait dans la nourriture ordinaire des soldats, il est devenu le symbole de la vie militaire.

Dans de nombreuses cultures, l’ail nous protège aussi du mauvais œil et, attaché en une couronne au dessus du lit il nous protège… des vampires ! En Sibérie,  les Bouriates (peuple mongol) pensent que l’on peut déceler l’approche des femmes mortes en couche revenant la nuit persécuter les vivants telles des fantômes malfaisants, à l’odeur d’ail qu’elles répandent. Mais l’ail est aussi utilisé dans une comme une protection plus pragmatique : Dans les Carpates, les bergers se frottent les mains avec de l’ail béni avant de traire pour la première fois les brebis afin de les protéger des morsures de serpents. Au XVIe siècle, on attachait une gousse d’ail au cou de la brebis qui menait le troupeau afin que le loup n’attaque pas ce dernier.

L’autre grande vertu de l’ail est son coté aphrodisiaque ! En France, l’ail était très utilisé pour réchauffer les amoureux, et Henri IV en consommait tous les jours pour être à la hauteur de sa réputation de grand amant. L’ail était également servi en soupe aux jeunes mariés le matin de la nuit de noce, pour ses effets aphrodisiaques et pour assurer la fertilité au couple.

Mais malgré toutes ces vertus la forte odeur de l’ail l’a toujours relégué dans un rang inférieur, méprisé par les nobles et les poètes tel que Horace qui ne supportait pas son odeur nauséabonde et le trouvait « plus vénéneux que la ciguë » ou plus tard Cervantès qui conseillait de « ne manger ni ail, ni oignon car leur odeur trahira votre origine paysanne ». En effet, à cette époque, il y avait une hiérarchie dans les légumes : Les plantes qui poussent dans la terre (oignon, ail, navet…), particulièrement dépréciées, sont réservées aux paysans ; viennent ensuite les racines (carottes, navets, panais, etc.), puis les feuilles (épinards, choux, etc.). Quant aux plus éloignés du sol, plus aériens comme les fruits qui poussent sur les arbres, ils sont un met de choix pour le plaisir de la noblesse.

 

Et bien sur l’ail est un condiment de prédilection dans la cuisine méditerranéenne et j’espère que malgré le pluie de ce week-end vous aurez envie de vous faire une bonne daube ou aïoli !

Bon week-end et à la semaine prochaine !