Il ne s’agit pas là de vous parler d’un quelconque tunnel secret reliant les catacombes à la mairie de Grenoble ou d’histoires de templiers, nonnonnon! Ces histoires, nous les laissons à la cour des miracles. On vient juste vous parler de deux entreprises pour qui nous avons pu faire des images, et qui ont une chose en commun: l’extraction souterraine.
Et pas n’importe lesquelles, puisqu’il s’agit de deux mastodontes du BTP: Vicat et BPB, qui ont aussi en commun d’être implantées dans pas mal de pays différents. Ca ne vous parle pas? C’est normal. Enfin, Vicat, on y aperçoit quand même leur logo sur la rocade, donc on vous pardonne un peu moins! Pour l’autre, fabricant du célèbre Placo-plâtre, si on vous dit “St Gobain”, vous connaissez sûrement cette manufacture de glaces fondée par Colbert… Allez, replongez-vous dans votre programme de CM1! Sinon oui, les glaces, le plâtre, on cherche encore le lien, on vous le concède. Pour l’instant, on sait que les glaces c’est sucré, et le plâtre c’est du gypse saccharoïde… Mais c’est tout pour le moment, contactez-nous si vous avez donc la réponse!
Le gypse saccharoïde, c’est du sulfate de calcium hydraté formé au quaternaire, l’âge de mon arrière-grand-tante à peu près, demandez-lui, moi j’étais pas né. Le bassin parisien, c’est 68% des gisements français de pierre à plâtre, et la pureté de ce gypse y est inégalée. Le deuxième plus gros gisement de gypse se trouve dans les Alpes, notamment en Maurienne. Mais la grande particularité des sites d’extraction banlieusards, c’est qu’ils se trouvent sous terre. Cet or blanc y constitue une épaisse couche pouvant atteindre une trentaine de mètres d’épaisseur. Pour en exploiter le maximum, pas le choix, il faut aménager d’immenses chambres et de galeries en forme d’ogives qui s’entrecroisent, en salles qui ont l’allure de grandes cathédrales sans vitraux où, souvent, ça résonne bien!
Ce sont donc de cette carrière que proviennent les plaques de placoplâtre que vous avez utilisé l’été dernier pour refaire la cuisine de belle-maman! Ou de beau-papa, c’est pas forcément maman qui fait la cuisine, hein!!
Enfin, en vrai, il y a plusieurs carrières près de Paris qui servent à fabriquer ces carreaux de plâtre: Cormeilles, Baillet-en-France, Vaujours, Villevaudé, … Tous les jours, des blocs de gypse sont tirés à l’explosif, puis s’en va le ballet des machines: les chargeuses viennent dégrossir le chantier, les purgeuses télécommandées sécurisent les parois en retirant les roches à demi-détachées, et des semi-remorques emmènent ça vers les usines où le gypse est cuit et ainsi débarrassé de son eau de carrière. Mais les semi-remorques n’arrivent pas vides! Ils emmènent des déblais, provenant principalement des chantiers de métros, pour reboucher tout ça. Cela a pour avantage d’alléger la surveillance de l’évolution des vides, qui, sans ces comblements, pourraient à terme s’effondrer et emmener la forêt avec eux! Oui, on vous rassure, la nouvelle cuisine parisienne de beau-papa ne repose certainement pas sur ces carrières!! Mais peut-être sur le tunnel des templiers qui va à la Mairie de Grenoble, ça, on ne peut vous le garantir!
Bien que ce soient à peu près les mêmes machines qui sont utilisées chez Vicat, c’est du ciment que l’on sort des ces carrières. On vous a déjà préparé une expo en 2019, on ne va pas vous réexpliquer ici l’histoire du ciment naturel. Sous la Chartreuse, deux sites sont toujours exploités, à St Laurent du Pont, et à Grenoble (non, ce n’est toujours pas le tunnel secret de la rocade Nord), plus précisément à Clémencières. Là, pas, ou en tous cas moins de comblement, puisque ce sont des galeries de niveau qui suivent un filon, un peu à la manière d’une mine, d’ailleurs on parle plutôt d’un banc rocheux. Dans ces galeries accèdent les hommes et leurs outils, et avancent au fil de l’exploitation. Or, comme ces galeries sont amenées à durer, tout est consolidé! Sur place est acheminé tout le nécessaire pour construire des cintrages et des renforts sur mesure, comme dans les mines! La technologie a apporté la mécanisation, les grosses machines et les calculs précis, mais n’a pas fait disparaître le savoir-faire et les tâches artisanales pour autant. Et ici, c’est un petit chemin de fer qui sillonne les quartiers de la carrière pour ramener les pierres au dehors!