– Après un face-à-face aux résultats très serrés (à une voix près!), c’est Raphaël Charuel qui expose sa photo “Reine des Pierres” cette semaine sur son thème favori, les souterrains!
Et oui encore un souterrain, mais celui là, comme beaucoup d’autres, mérite qu’on s’en approche de plus près. Alors oui c’est vrai, on a ici une vue générale, et il peut être difficile de discerner quelques détails. Mais ce sont bien des wagonnets évoluant sur des voies de cinquante centimètres d’écartement que l’on voit en bas de l’image! Il y a donc entre vingt et trente mètres de hauteur sous la voûte de cette ancienne carrière de calcaire nichée sous un sommet alpin. Ce calcaire avait notamment la particularité d’être exploité pour produire du marbre blanc! Le même qu’on retrouve sur les statues de l’Opéra de Paris, ou plus exotiquement sur le socle de la Statue de la Liberté à New-York… Preuve qu’il s’agit là d’une pierre recherchée, d’où son qualificatif de “Reine” qui lui a été donné pendant son exploitation qui s’est terminée à l’aube de la seconde Guerre Mondiale. Pendant cette période sombre, sans mauvais jeu de mots, la carrière resta ouverte quelques temps afin de donner du travail aux ouvriers désirant échapper au Service du Travail Obligatoire; qui obligeait les travailleurs à participer à l’effort de guerre allemand.
Il est probable que les voies de 50cm aient été installées pour transporter des déblais servant ensuite à la fabrication de chaux ou d’enduits. On trouve dans quelques recoins des vestiges de matériel roulant plus gros pouvant déplacer d’imposants blocs. Pour les connaisseurs, on peut y trouver deux séries de wagons en voie de 50 cm: des Decauville-Corbeil et des Pétolat-Dijon, un peu différents lorsqu’on les observe de plus près.
Ces volumes, donc, qui montrent la puissance de la couche exploitée (épaisseur d’une couche de matériau ou de minerai), résultent de l’exploitation en une seule salle géante, mesurant autour de 25 mètres de haut sur une centaine de mètres de long par en moyenne 30 mètres de large… Difficile d’éclairer tout ça, cependant, quelques lampes à carbure (éclairage du “mineur”), quelques bougies, une torche de studio et le tour est joué en presque dix minutes de temps de pose!