– Ce soir, c’est une victoire écrasante de la photo de Raphaël “Surréaliste Moucherotte”, illustrée sur le facebook de La Boîte A2 par le mot clé “Soir”. Une image sur le vif.
Surréalisme, ou impressionnisme?
Ici, la lumière semble irréelle. Pourtant, c’est cette lumière qui est apparue subitement d’entre les nuages, en ce soir de la Toussaint, comme si les morts avaient voulu accomplir un quelconque prodige. L’image a été réalisée sur le vif: Raphaël était alors en train de descendre à pied la route du col de de Clémencières, sur les pentes du Rachais, contrefort de la Chartreuse dominant la presqu’île grenobloise. Sur fond de pluie, après une journée humide et grisâtre, la réfraction des rayons du soleil a été mise en évidence de façon surprenante ce soir là. Car non, cet éclairage n’est pas dû à une terre plate. Parfois abusivement appelé gloire (la gloire étant un autre phénomène optique), ce phénomène se produit alors que les rayons percent à travers les nuages et se diffusent dans l’atmosphère. L’aspect semble surréaliste, car le réalisme est exagéré: les tons clairs et sombres ont été récupérés afin d’atténuer le contraste. Pour cela, Raphaël a utilisé la méthode de l’HDR, “High Dynamic Range”, qui signifie grande gamme dynamique: l’histogramme de l’image est en quelque sorte “égalisé” pour que les tons sombres et clairs ressortent de la même façon. L’histogramme, c’est un graphique qui donne, pour chaque couche (rouge, vert, bleu), la proportion de luminosité en fonction du code de la tonalité lumineuse. Ce code progresse de 0 (noir) à 255 (blanc), et il en est de même pour la luminosité. Or, ce code est une gamme de nombre entiers (0, 1, 2,…), il ne s’agit donc pas d’une gamme continue. Cela s’explique par un codage informatique sur 8 bits, 8 chiffres binaires (0 ou 1), de 0000 0000 à 1111 1111, donc 256 valeurs de 0 à 255. Superposer plusieurs images, c’est élargir cette gamme dynamique, et donc obtenir un codage de la luminosité pouvant aller jusqu’à 32 bits. 32 chiffres binaires pour chaque couche! En 8 bits par couche, on dispose déjà de plus de 16 millions de valeurs possibles. En 32 bits par couche, c’est 79 milliards de milliards de milliards de couleurs existantes. Autant dire que la variation de quelques valeurs devient imperceptible.
Par ailleurs, nous vous avons déjà expliqué ici comment fonctionne la couleur en informatique!
Pour réaliser ce genre d’image, c’est assez simple, il suffit de prendre au moins trois photos avec des expositions différentes, le meilleur compromis étant de choisir un intervalle d’un diaphragme: une vue exposée selon les indications de la cellule, une autre sur-exposée, et une dernière sous-exposée. L’ordre n’a pas d’importance. Bien sûr, plus on prend d’images, plus l’étendue lumineuse et donc sa précision, sera grande. Il convient d’utiliser un pied pour éviter de bouger entre chaque vue! En empilant les photos à l’aide d’un programme adapté à la réalisation d’images HDR, on observe tout de suite le souci créé par l’égalisation de l’histogramme: l’image manque cruellement de contraste! La créativité de l’auteur prend alors le pas. Une infinité d’interprétations sont possibles.
Raphaël préfère, lui, la méthode impressionniste: il restitue la luminosité selon ses souvenirs par des jeux de contrastes localisés. Ainsi prend vie une scène éphémère, “Un Soir sur le Moucherotte”, toujours moins mystérieuse ou effrayante que “Une Nuit sur le Mont Chauve”, mais moins agréable que “Un Week-End au Chaud”!
Alors, bon week-end, et à la semaine prochaine!!