– À Grenoble, tout le monde connaît les bus et les trams. Certains vous parleront des trolleys, qui ont disparu en 1999. Partis sur ces traces urbainement archéologiques, nous avons choisi de vous parler de ces modes de transports moins connus, tous électriques!
Un premier réseau
Tout commence en 1897 lorsqu’est créée la SGTE. La Société Grenobloise des Tramways Électriques met en place deux lignes de tram totalisant près de vingt kilomètres, entre Grenoble, Eybens, le Pont de Claix, et Varces. En 1900, de nouvelles lignes sont construites, vers La Tronche, Voreppe, et entre la gare et le cimetière St Roch. Le réseau, qui commence à devenir tentaculaire, converge en deux points, la place Grenette et la place Vaucanson. C’est entre 1911 et 1920 que la SGTE, en partenariat avec le département de l’Isère, établit un ouvrage majeur, de 39 kilomètres, la ligne de Grenoble à Villard de Lans.
Ainsi, il faut 2h30 pour relier le centre-ville aux plateaux du Vercors, contre 6 en diligence. De la place Vaucanson, la ligne empruntait le cours Lafontaine puis le cours Berriat, croisant la voie ferrée du PLM, l’estacade n’existant pas encore à cette époque! Elle obliquait ensuite sur l’actuelle rue Diderot avant de franchir le Drac. Le tram liait alors Fontaine à Seyssinet, et c’est là qu’il entamait son ascension. Aux Garlettes, la ligne recueillait un embranchement desservant les anciennes carrières à ciment. Une rampe ponctuée de nombreux ouvrages d’art s’en suivait alors, la plupart de ces ouvrages sont visibles de nos jours.
Sillonnant dans la forêt par un itinéraire qui est aujourd’hui tantôt un sentier, tantôt l’actuelle route de Saint Nizier, le tramway desservait le village à son entrée dans le Vercors. La seconde guerre mondiale n’y sera pas pour rien dans la disparition des tramways de la SGTE. La ligne de Villard se voit déjà réduite à Saint Nizier, puis à Seyssins à la fin des années 1940. En 1951, c’est la concurrence automobile qui y mettra définitivement fin. Quelques années plus tard, un télécabine débrayable relie Saint Nizier au sommet du Moucherotte, où se trouvait le luxueux Hôtel Ermitage! De ces installations ne reste qu’un seul pylône, parfaitement intégré au sein d’un parc aventure. Au déclin du tramway sur les plateaux du Vercors se sont les autocars de VFD qui ont pris la relève et qui les desservent toujours aujourd’hui. VFD pour Voies Ferrées du Dauphiné, qui n’exploite plus un seul mètre de voie ferrée depuis 1964. Amusant, non?
Les trolley prennent le relais
Pendant 35 ans, le tram aura disparu à Grenoble. Pour les remplacer, la SGTE opte pour des trolleybus, c’est à dire des autobus alimentés en électricité par une ligne aérienne. Ce système offre l’avantage de la traction électrique, sur une voie routière, donnant plus de confort aux passagers, et permettant des aménagements moins coûteux à installer et entretenir. Certains véhicules utilisés proviennent de Paris, ville qui abandonne progressivement ce système après une courte période (23 ans). C’est le cas du trolleybus Vetra ci-dessus. L’année 1974 marque le remplacement de la SGTE par la TAG que nous connaissons aujourd’hui, qui étendra le réseau et introduira des véhicules plus modernes!
C’est 13 ans plus tard, en 1987, que le tramway va prendre sa revanche. Les trolleys vont alors s’effacer progressivement jusqu’en 1999. Qu’en reste-t-il aujourd’hui? Ça et là, en ville et alentours, on trouve encore des paires de fils toujours pendues au dessus du vide. Pour les trouver, il suffit de suivre le cours des anciennes lignes!
Un grand nombre de véhicules anciens ayant sillonné la région, dont des trolleybus, sont rassemblés dans la collection très complète de l’association Standard 216. Basée au Pont-de-Claix, on vous recommande d’aller y faire un tour si le sujet vous intéresse!
Le géant des remontées mécaniques
Dans les années 1970, s’approchant de l’an 2000, des projets assez originaux ont été imaginés. C’est le cas du Poma 2000, aussi appelé “métro de Grenoble”. La firme Pomagalski, est implantée sur l’agglomération et est bien connue pour ses remontées mécaniques que l’on retrouve aux sports d’hiver. Spécialisée dans le transport par câble, l’entreprise proposait alors un réseau de transport aérien avec des véhicules sur rails tractés par des câbles, pouvant débrayer et ralentir en station. Des essais eurent lieu à La Villeneuve, et trois lignes étaient prévues, reprenant des tracés assez proches des actuels tram A, C, E et bus C1. L’ennui, c’est que construire des viaducs est coûteux, et dénature le paysage, malgré les avantages que ce mode de transport pouvait offrir en matière de gain de place sur les axes de communication. Ainsi, le projet ne verra jamais le jour, comme bien d’autres projets futuristes basés sur la même technologie. Inauguré en 1989, l’unique Poma 2000 ayant vu le jour en France se situait à Laon, en Picardie. Se situait, car l’année 2017 sonna l’arrêt de son exploitation… Pour raisons de coûts également.
Cependant, à Grenoble, il existe de nos jours un seul témoin de ce projet de métro. Il s’agit de la barre d’immeuble rue Hébert qui comporte en son milieu un “trou” qui aurait permis le passage d’une ligne. À noter qu’au dessous, on y voit encore les fils du trolleybus! Comme quoi, même dans l’architecture fonctionnelle, rien n’est laissé au hasard!
Et n’hésitez pas à jeter un oeil sur le blog Grenoble-Cularo, on y trouve un paquet de choses!