Semaine 41 : Le Raisin, la cloche et le scarabée

le raisin, la cloche et le scarabée

©Claire-Agnès Villeneuve -Le Raisin, la cloche et le scarabée

-Un vote à égalité pour la Boîte A2. Alors pour ne pas créer de jalousie, cette fois-ci c’est la photo de Claire-Agnès Villeneuve qui est présentée avec un nouvel exemple de son goût pour les vanités.

Alors qu’on aurait pu s’attendre en cette avant-veille de Noël a une photo guillerette avec de la neige, du chocolat coulant à flot, et des papiers cadeaux multicolores, sans parler de notre cher Père Noël ultra mondialisé, eh bien, Claire-Agnès a décidé, elle, de présenter une photo beaucoup plus sobre mais pas si éloignée que cela de la fête de Noël.

En effet, selon la tradition, le 25 décembre correspond à la naissance de Jésus-Christ, l’être amené à guider le peuple chrétien par le biais de son sacrifice et de sa résurrection. Or dans cette photo on peut retrouver plusieurs symboles propres à l’idée de la résurrection. Le plus évident pour la religion chrétienne est le raisin, fruit relié directement au Christ. Par le vin on représente le sang du christ, breuvage nous permettant l’élévation spirituelle. Ainsi la vigne est l’arbre du paradis, le premier arbre que Noé plantera après le déluge. La grappe de raisin devint alors le symbole de la terre promise, tandis que la vigne joua le rôle de la résurrection spirituelle ou physique. Si on trouve une présence si forte du vin en France que c’est lors du développement du christianisme, chaque monastère met en place une culture viticole pour les cérémonies liturgiques. Par la suite, au Moyen-âge, le vin sera souvent le premier breuvage consommé afin de palier aux problèmes de l’eau de mauvaise qualité.

Le scarabée lui aussi symbolise le cycle de la vie mais sa présence se retrouve plus dans les cultures pré-chrétiennes. Si on connaît la vénération qu’éprouvaient les Egyptiens pour cet insecte capable à la fois de voler et de s’enfouir sous terre, on sait que son culte fut antérieur : ont été retrouvées des parures de scarabées datant de l’époque paléolithique (10.000 à 20.000 ans). On définit mal  le culte qu’on lui vouait alors mais une des hypothèses serait qu’il était un ornement chamanique. En effet le scarabée servait de nourriture, présentant donc  une belle importance terrestre, mais était également un animal volant à la manière de ces chamans qui pouvaient prétendre voler à travers des rêves ou des transes. Il y avait aussi l’idée dans ces cultures (qu’on peut d’ailleurs en partie retrouver dans les cultures primitives actuelles) que tout ce qui se mangeait avait une connotation divine.

Le scarabée comme lien entre la terre et le ciel se retrouve particulièrement en Égypte antique. Le bousier pousserait le soleil entre ses pattes. De plus il renaitrait de ses “cendres” puisque le boule qu’il transporte contient ses larves. Si au départ le scarabée représentait la course du soleil dans son intégralité, par la suite il ne représentera plus que le soleil levant. Le scarabée est ainsi lié au dieu Képhri est représente la naissance et la création de l’univers après l’enfouissement sous terre (pareil aux boules des scarabées). Ces observations leur serviront de modèles pour la momification, espérant ainsi la résurrection des êtres après leur embaument. Si les chrétiens ne conservèrent pas la symbolique du scarabée, la transmission s’opéra par le peuple juif -d’où vient Jésus- ennemi du peuple égyptien à l’époque. On retrouve bien l’idée de la résurrection propre au Christ.

Ainsi on peut voir que si aujourd’hui c’est l’image de Jésus qui représente le plus pour nous celle de la vie éternelle, cette image est bien antérieure et préoccupe l’homme depuis le début de sa conscience spirituelle. Mais je pense que ce week-end, certains vont davantage se préoccuper de savoir comment pouvoir résister aux délices gastronomiques, et autres bûches de Noël !

Bon week-end et bonnes fêtes de fin d’année !