– Vous le savez très certainement, durant le mois de février dernier ont eurent lieu les JO d’hiver de Pyeongchang. Ce fut aussi les 50 ans des Jeux d’hiver de Grenoble qui se sont déroulés du 6 au 18 février 1968. Petit retour-arrière! Illustrations de Raphaël Charuel, photographe d’architecture et de paysage basé à Grenoble.
Mais au fait, les Jeux Olympiques d’hiver ont lieu tous les quatre ans! Or, comment se fait-il que nous eûmes célébré les 50 ans des JO de Grenoble la même année que furent organisés d’autres Jeux d’hiver? Il ne nous aura pas échappé de notre esprit de matheux que 50 n’est point un multiple de quatre. L’explication est en fait assez simple: après les JO d’hiver d’Albertville en 1992, les Jeux d’hiver suivant eurent lieu en 1994! Ce décalage a été décidé pour intercaler JO d’été et JO d’hiver, qui avant cela avaient lieu tous les quatre ans, la même année. Et pour la petite histoire, où était-ce? À… Lillehammer! Oh bah oui, on savait que vous connaissiez.
L’anniversaire des JO de 1968 fut commémoré en grande pompe, une foule de manifestations ont eu lieu, une exposition au musée Dauphinois est toujours visible jusqu’en janvier prochain. On vous épargnera le logo du bonhomme casqué rouge et bleu qui fait du ski, n’ayez crainte, ce qui a attiré vos photographes grenoblois, ce sont les éclairages, et notamment sur le Palais des Sports.
Le bâtiment fut donc construit à l’occasion des Xe JO d’hiver de 1968. D’abord dénommé “Stade de Glace”, car il fut là réservé aux épreuves de patinage artistique, il fut plus tard converti en espace d’évènements, principalement pour des concerts, des salons ou des compétitions de cyclisme. Tout proche des locaux de La Boîte A2, c’est donc évident qu’en tant que photographe d’architecture, Raphaël s’y soit intéressé! Comme vous le voyez, l’édifice fut éclairé aux 4 couleurs du drapeau olympique. Couleurs qui, rappelons-le, avec le blanc et le noir figuraient dans tous les drapeaux des pays du monde en 1913, date de lancement des JO tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Comme bien souvent, toutes les épreuves sportives ne se déroulèrent pas en ville mais sur plusieurs sites autour. En effet, si le patinage artistique, de vitesse (sur l’anneau du même nom), ou le hockey se déroulent bien dans Grenoble, ce sont Autrans qui accueille le ski nordique, Villard-de-Lans la luge, l’Alpe d’Huez le bobsleigh, et Chamrousse le ski alpin où triomphera le fameux Jean-Claude Killy (allez, dites que vous en avez entendu parler quand même!).
Mais nous oublions les épreuves de saut à ski (n’ayant rien à voir avec le code ASCII, blague de geek), qui eurent lieu notamment à Saint-Nizier-du-Moucherotte, aux portes du Vercors. Là fut édifié un tremplin de 90m conçu par Pierre Dalloz, architecte, urbaniste, photographe et fameux alpiniste en son temps, dans les années 1920. Si nous en parlons en dernier, c’est parce qu’il s’agit de l’unique infrastructure de ces jeux qui demeure aujourd’hui inutilisée.
Nous connaissons tous les grands projets gargantuesques en budget des jeux actuels. En 1968, Grenoble est en pleine expansion, et ces Jeux Olympiques font alors charnière pour la ville qui deviendra le centre sportif et scientifique qu’elle est aujourd’hui. En plus des infrastructures, la ville se dote de nombreux équipements: nouvel hôpital, nouvelle mairie, nouvel aéroport, nouvelle gare, palais des expositions, aménagements routiers et ferroviaires … Ainsi, tous les bâtiments sportifs trouveront une nouvelle utilité après la période de compétitions, hormis le tremplin de St Nizier, peut-être un peu trop excentré. Saignée dans le paysage au pied des Trois Pucelles, il s’offre discrètement depuis la vallée à qui saura où regarder. Mais le navire de béton échoué ne se laisse pas facilement pénétrer, peut-être afin d’éviter la réalisation d’extravagantes idées, comme une compétition de saut à moto?… (Attention, effet “vaaintâge” garanti)
C’est ainsi que, loin des polémiques actuelles liées à l’organisation des JO, le cinquantenaire des dixièmes Jeux d’hiver fut célébré durant tout le mois de février 2018. Le dernier jour du mois, un éclairage quelque peu spécial, d’un rouge ardent, fut mis en place sur le palais des sports.
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