Semaine 60: Un air de grands espaces

Vu d'au dessus du col du Granier, la montagne éponyme suivie de ses falaises domine la Chartreuse, Chamechaude en arrière-plan à droite. Le Granier marque aussi la limite entre Savoie et Isère, entre Chapareillan, Apremont et Entremont le Vieux. À droite s'ouvre la vallée des Entremonts, tandis que côté Nord, sous l'effondrement du Granier, sont les côteaux d'Apremont dominant Chambéry.

© Raphaël Charuel – Eté Indien

– Du fait de son originalité dans le domaine de la photo des paysages des Alpes autour de Grenoble, Raphaël remporte cette semaine la mosaïque par son image riche en espaces, la n°28, “Eté Indien”, donnant un avant-goût des grands espaces, à découvrir dès cet été si la météo le veut bien!

Contrairement à ce que certains ont avancé, non! Raphaël n’est pas allé au Canada en catimini. D’autres auront bien sûr reconnu la photo qui se cache en bas de page de votre site préféré! Nous sommes simplement en Chartreuse, un soir d’automne, au dessus de Chambéry, Grenoble se trouvant au fond à droite derrière Chamechaude, point culminant de ce massif, de ses 2082 mètres d’altitude. Second sommet de Chartreuse, la bien connue Dent de Crolles, avec 2062 mètres, extrémité Sud des hauts plateaux de Chartreuse: vous souvenez-vous, de ces explications sur les synclinaux perchés? Et bien en voici là l’extrémité Nord, délimitée par le Mont Granier, dont la haute falaise délimite aussi la frontière Isère-Savoie, qui rappelons le, il n’y a pas si longtemps (jusqu’en 1860) délimitait encore la France et le Duché de Savoie. Haute falaise, parce que sa hauteur de 700 mètres en fait la plus haute falaise calcaire française. Un monolithe qui a de quoi rivaliser ceux de Yosemite, à ceci près qu’ils sont en granite! Tout ça pour dire qu’il n’y a pas besoin d’aller si loin pour voir de grands espaces, ceux là sont parfois déjà présents à la sortie de nos agglomérations!

Mais il faut savoir que tout cela est éphémère. Oui évidemment, la couleur de la végétation, le coucher de soleil… Mais la falaise aussi. Le Granier est un sommet très instable. La zone à l’aplomb de sa falaise est même interdite d’accès. Pas de varappe, de spéléos, ou de grimpeurs sur cette paroi. Le mastodonte est régulièrement l’objet de massifs effondrements. Son aspect actuel, on le connaît depuis 1248, année à la fin de laquelle eu lieu précisément, dans la nuit du 24 au 25 novembre, un terrible éboulement, le plus dévastateur ayant eu lieu en Europe de mémoire d’Homme. Il faut en effet savoir que le Granier est un colosse aux pieds d’argile. Ses masses calcaires reposent sur des couches marneuses, autrement dit, du chewing-gum! Il y a encore plus longtemps, le sommet rejoignait son voisin d’en face, le mont Joigny (qui ne se situe pas à Joigny, au passage! Mais ne le cherchez pas, il est derrière le photographe). Un très gros, mais vraiment très gros pour le coup, glissement de terrain aurait provoqué une rupture, l’actuel col du Granier où nous nous situons, et en contrebas la formation d’un paysage vallonné, aux sols limoneux nommés entre autres Abymes de Myans, Apremont,… Ca ne vous dit rien? Un indice: FONDUE! Et oui c’est “grâce” à cet effondrement que nous pouvons déguster ces vins blancs secs. Mais avant d’être complètement bourrés, regardons ce documentaire!

Non, vous êtes restés sur cette belle note en bouche? On me demande dans l’oreillette où se situent ces vignes. Allez, un petit tour dans l’autre sens:

Matin sur le Granier et ses vignes depuis le lac Saint-André.

© La Boîte A2 – Le Granier du Lac

Et en prime, le matin au printemps! Vous pouvez maintenant voir ces vignobles. C’est qu’à La Boîte A2, on ne vous la met pas à l’envers! Vues au lever du jour, ses falaises semblant éternelles se reflètent dans le lac Saint-André. Pourtant, elles s’effritent encore et toujours inexorablement.

Tout ça nous rappelle qu’il va être grand temps de reprendre les longues randonnées qui s’offrent à nous. Mais peut-être pas ce week-end qui s’annonce orageux! On verra la semaine prochaine!